02 septembre 2013

HINDUSTAN

Depuis toujours, les hommes aiment observer les phénomènes plus grands qu'eux: Le mouvement des étoiles, le coucher du soleil ou le va-et-vient de la mer. Les macaques à bonnet aiment aussi. Ils sont des centaines au bord du chemin assis jambes pliées fesses sur les talons. Ils regardent les machines passer d'aussi près que possible. En approchant de la ville, j'observe de plus en plus d'hommes qui s'adonnent à la même activitée avec une expression très similaire sur leur visage. "Mais où est-ce que je suis rendu là?"



Jammu. Il y a autant de "gun shops" qu'il y a de dépanneurs à Laval. Faut croire que la demande est là... Les gens nous regardent comme des créatures venues d'un autre monde (et peut-être que nous le sommes). Les enfants pointent ou se cachent, les adultes nous ignorent ou nous regardent avec méfiance. Une dizaine d'hôtels nous donnent la même réponse: "No foreigners". Voilà notre premier contact avec l'Inde hindoue.

Les habitants de Jammu sont dans la catégorie des effrayés. Oh oui, je les ai catégorisés! Il y a trois types de réactions chez l'homme hindou à la vue de l'homme blanc à chapeau. La peur. Pas seulement chez ceux qui ont vécu la répression britannique, aussi chez les plus jeunes qui  ont sûrement entendus l'histoire.

L'excitation. Oh my Krishna! Un blanc! Vite, touches-y! Donnes-y ton bébé et prends une photo! Poses-y toutes les questions que tu peux formuler en anglais! Envoyes-y des clins d'oeil et des becs! Piques-y son chapeau! Ils se massent autour de moi pour m'observer. Ils accotent leurs mentons sur mon épaule pour voir la photo que je prends. Tellement de regards se posent sur moi, je me sens envahi par un nombre grandissant d'indiscrets. Je marche sans m'arrêter en regardant mes pieds. Je suis bête avec eux plus souvent que je devrais. C'est pas ma faute si je les confonds souvent avec la troisième catégorie des harceleurs touristique professionnels.

Chiching! Les signes de piastres leur roulent dans les yeux dès qu'ils aperçoivent l'ombre d'un blanc à chapeau. C'est la pire des catégories qui englobe arnaqueurs, menteurs, quêteux, faux quêteux, faux babas*, vendeurs de bijoux, vendeurs de guénilles, vendeurs de spiritualité en boîte ou de n'importe quelle cochonnerie made in India. Les plus honnêtes d'entre eux admettent être des menteurs-nés. Ils sont prêts à toutes les bassesses, aux harcèlements et aux stratagèmes vicieux pour sortir l'argent de mes poches, sauf la façon directe, et plus honnête à mon avis, du couteau sous la gorge.

Ceux qui semblent plus futés et qui parlent un bon anglais, sont les pires. Ils peuvent prétendre être ton ami pendant des jours, voir des  semaines, pour essayer de te crosser avec un "scam" minutieusement élaboré. Les sans-génie eux, se contentent de lancer les pires "pitchs" de vente genre: "Come spend your money!" ou "Very cheap!" Des fois, c'est juste un baba qui te regarde en shakant sa can de change. Si je les ignore, ils me suivent ou me crient après. Un cri qui se limite souvent à un son bestial "UuuuGgghhhh!". En tant que touriste, on a trop souvent à dealer avec eux et ils propagent une image de merde de tout leur peuple.

Il devient très difficile de les endurer, impossible de leur faire confiance et imprudent de s'en faire des amis. La solitude est le compagnon des voyageurs au Rajasthan. Ironique dans une si grande foule. Bien heureux de voyager à deux...

Je parle toujours des hommes et au masculin parce que dans mon périple de Srinagar, à Jammu, à Amritsar, à Jaipur jusqu'à l'extrême ouest du Rajasthan, jamais une femme m'a adressé la parole ni même un regard. Elles m'évitent et se cachent derrière leur voile. Les femmes hindous sont à mon constat, des citoyennes de deuxième classe, beaucoup plus que dans des pays musulmans comme l'Indonésie ou la Malaysie.

Elles se mêlent jamais aux hommes et leur adresse rarement la parole. À la sortie de l'école, les jeunes de quatorze ou quinze ans marchent en groupe de garçons et de filles en se tenant par la main. Ne devraient-ils pas avoir la libido dans le tapis et le désir de découvrir, l'instinct de se mélanger? Ils sont tellement gay comme peuple et ce dans les deux sens du terme. Gay comme des dizaines d'hommes matures qui font voler des cerfs-volants avec tout le sérieux d'un jeu d'enfant. Aussi gay comme deux hommes qui partagent le même siège dans le bus, assis un par-dessus l'autre. Ils se pognent les fesses, se flattent les doigts et les cheveux. Ils marchent main dans la main, mais faire la même chose avec une femme serait très mal vu. Comment ce peuple a-t-il pu créer le Kamasutra? Impossible!

Je pourrai  jamais comprendre un centième de ce que j'appellerais le non-sens hindou. Je suis mal à l'aise dans leur monde sans modération, sans nuance où tout est "full power, 24 hours" ou abstinence.

*Baba = Barbu habillé d'une couverte souvent orange supposément religieux, mais plus souvent bums ou drug dealers.



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