07 décembre 2012

DES AILES ET DES RACINES, LE DEPART


Mon désir est d’être l’oiseau. Devenir l’arbre est mon calvaire. Je ne deviendrai jamais cet arbre immobile sur lequel l’oiseau se pose et laisse chiasses et plumes. Je les couperai ces racines! Je les couperai et ce sera ma délivrance! Car une fois qu'on à eu des ailes, le sevrage est difficile. La dépression est presque inévitable pour celui qui s'est piqué le voyage dans les veines.

Pourtant me voilà à moitié sevré, les ailes coupées comme une perruche domestique, je prends lentement racine dans ma cage au bord de la fenêtre. Je rêve au jour où je m’élancerai de cette fenêtre et dépolirai mes ailes à nouveau. Quand la réalité pèse et que la routine est mortelle, l'aventure ne semble plus du tout dangereuse. Saute.

En vrai, deux années ont passées à glander et à travailler de façon lâche à droite et à gauche. À travers débauches et excès j’ai finalement réussi à ramassé un peu de sous pour repartir. Aujourd’hui c’est le jour J. Les plumes de la perruche ont repoussées et la fenêtre s’ouvrira ce soir. Je suis prêt pour le grand saut, mais avant de m’envoler je dois couper ces racines qui me retiennent. Le temps les a rendus coriaces et nervurées et les couper donne un goût amer à la joie du départ.

Souper familial, quelques heures avant le départ, je m'esquive discrètement avant le dessert pour me rendre au pont de la track. C'est mon endroit de prédilection quand je veux réfléchir ou rêvasser en solitaire. Pensant qu'un spliff me remettrais les émotions au neutre, je m'en suis rouler un, le cul dans neige les doigts séchés par le froid. Je me suis couché pour le consumer et je suis parti dans mes pensés...

Dans un moment de lucidité, je réalise à quel point le voyage est un acte égoïste. Au fond, ce n'est qu'une façon de fuir ma réalité et de m'oublier en laissant les racines, la famille, et les amis derrière pour me concentrer que sur moi et mon trip. D'un autre coté, le voyage est l'espoir qui me permet de continuer une vie insatisfaisante ici en attendant le jour ou je partirai pour me lancer dans une aventure digne de mes ambitions.  Déchirant.

Les derniers mois de boulot nocturne sur les autoroutes en chantier du grand Montréal m'ont mis les nerfs à vif. Couché dans mon banc de neige, je sens la fatigue et l'excitation du changement m'envahir et je pleure de rire! L'instant d'après, je songe à ceux que je laisse dans une dépression glaciale, grise et moche et je pleure en riant, weird...

Je croyais avoir vidé le trop plein d'émotions et être fin prêt pour les au revoir. Sur le seuil de la porte rien ne s'est passé comme prévu, j'ai éclaté. Je t'aime c'est dur à dire ça!

Ma mère se veut rassurante et me dit que ça va bien aller et de pas m'inquiéter pour elle. J'ai tendance à croire que plus on répète que ça va bien, moins c'est le cas, mais je fais semblant d'y croire et je me sauve vers le terminus de bus… Il y avait des nerfs sensibles dans mes racines et j'ai eu le vertige au moment de sauter de la fenêtre, mais ça va mieux déjà. Plane perruche plane! 

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