21 octobre 2012

SUR LES TRACES DE MON PÈRE



Mon incompétence crasse en tant que photographe s'est révélée quand je suis revenu bredouille de ma chasse aux images. Ça m'a frustré parce que je commence à aimer faire de la photo. S'il y avait des photos publiables dans les articles précédents, c'était un coup de chance. Les photos de Roatán et Copán sont plus qu'ordinaires et mes images de Pacaya sont encore pires. J'ai fait des efforts, j'ai étudié mon appareil et j'ai appris quelques techniques de base. J'espère pouvoir mieux rendre la beauté des endroits que je présenterai.

Ça fait que je suis rendu à Panahachel, où mon père est venu il y a exactement 30 ans. J’ai entendu son histoire tellement souvent! "Dans le temps, y'avait rien. Juste un chemin de terre et des casas en ciment." "On s'est réveillés entre deux pirogues sculptées dans des troncs d'arbre, pis y'avait plein de petits Mayas qui nous regardaient l'air méfiant" Le nombre de Mayas varie d'une fois à l'autre, comme la plupart des détails, et la raison pour laquelle ils se sont endormis là n'a jamais été exposée. Son récit reste toujours assez vague avec quelques anecdotes récurrentes. La mémoire humaine est si peu fiable: C'est ma raison d'écrire.

Je disais donc que c'est ici que mon père est venu en mille neuf cent soixante quelque chose. Panahachel a pas mal changé depuis. Il faut s'en éloigner un peu pour retrouver la paix et l'authenticité du lago Atitlán. Le village de San Marcos la Laguna est coincé entre deux falaises, 12 km plus loin sur le lac. À ce qu'il parait,c'est l'endroit où les mantras voyagent jusqu'à nos oreilles... Let's go zen!


Les pirogues sculptées ont laissé place à de petites embarcations en planches qui se remplissent au fur et a mesure qu'on écope. Peu après que le soleil se soit montré au-dessus des montagnes, les femmes et les enfants descendent au lac pour se laver et faire la lessive sur les roches. À quelques détails près, la scène est la même depuis des siècles.

Je suis sorti ce matin à 5h pour observer les pêcheurs dans la baie et à mon grand étonnement, des hippies  flambant nus méditaient devant le soleil levant, comme dans les souvenirs de mon père. Eh ben! Il n'y a plus de doute, les aspects récurrents de l'histoire sont bel et bien fondés. Avec lui, j'ai pas le choix de douter,  parce que mon père a une forte tendance à exagérer de façon démesurée. Alors, il faut doser. J'ai hâte de voir sa gueule quand je vais lui dire que les tout nus méditent encore là 30 ans plus tard.

Intéressant, la méditation. On doit se sentir bien quand on atteint un état de transe sans les drogues. C'est pas ça qui va me convaincre de me mettre à poil avec eux. Je pense que 23 ans, c'est l'âge de la drogue et que c'est trop jeune pour la méditation. Je me garde ce trip la pour la trentaine! Le voyage tire à sa fin et j'ai pas vraiment le temps de méditer! 

Hé oui, le temps et la réalité me rattrape! J'ai presque plus d'argent donc plus beaucoup de temps. Je me sens pressé par le budget.  Il me reste environ trois poignées de change ce qui représente à peu près quinze jours au rythme où je dépense. Je viens d'apprendre que mon père s'en va au Mexique dans un des nombreux resorts de Cancún. Ce qui veut dire alcool et luxe gracieuseté de papa ( Merci Dad )! Je serais fou de pas m'y rendre. On se donne rendez-vous dans 13 jours, ce qui me laisse à peine le temps de visiter les plages du Bélize. D'abord, direction Flores pour une visite des ruines mayas les plus spectaculaires. Tassez-vous d'là, je suis pressé!

Les rides de buses sont souvent mémorables pour leurs désagréments... Ou parce qu'elles sont carrément pénibles! De Guaté à Flores, la ligne Fuente Del Norte c'est définitivement la pire. Il fait 45°C, on crève, la toilette est cadenassée, l'air climatisé ne fonctionne plus, les fenêtres s'ouvrent pas pis on a rien à manger. Le chauffeur s'arrête tout le temps sans nous dire ce qui se passe. Il nous laisse poiroter pour des 15-20 minutes chaque fois. Le trajet de 7 heures en a prit 10! Le niveau de CO² monte dans le bus hermétique. J'ai mal à la tête pis au cœur. Pauvre chauffeur, il a pas l'air de "feeler" non plus, pis tout le monde lui cri: "¡Vamos! ¡Vamos!" Esti que j'ai hâte d'arriver! 

À Tikal, les bibittes sont géantes, les chauves-souris me frôlent les oreilles et les tarentules sont bien installées sur ma tente! J'en profite pour me pratiquer à faire des gros plans. Le lendemain matin, les bestioles sont beaucoup plus cutes que la nuit. Il y a des paons multicolores et des groupes de macaques qui s’éclipsent dès que les premières hordes de touristes débarquent. Raison de plus pour visiter très tôt.

Gravir un temple juste avant l'aube c'est magique! Seulement là, au moment où le soleil se lève au-dessus de l'horizon, Tisha et moi, seuls sur le toit de la jungle comme des demi-dieux, on a pu comprendre pourquoi ils ont construit ces temples...








14 octobre 2012

MARCHER SUR LE FEU



Copán se trouve tout près de la frontière Guatemala/Honduras, à l’extrême sud du territoire de l'ancien empire Maya. On s'y arrête une journée pour contempler les vestiges du passé.

Il y a environ 1500 ans les architectes mayas ont su construire des structures qui se tiennent encore aujourd'hui. Les ingénieurs de l'échangeur Turcuot et du stade, pour ne citer que ceux là, auraient mal à leur orgueil s'ils voyaient l'œuvre. Les artistes qui ont dédié leur vies à la sculpture de ces monuments, ont de quoi être fiers. Leur art a su résisté à l'épreuve du temps. Il fascine et impressionne encore aujourd'hui.






Antigua. C'est propre, il y a pas de chiens errants et les ordures sont collectées régulièrement. Il y a des hôtels de jeunesse avec internet haute vitesse et on peut le trouver facilement parce que les rues ont des noms sur des panneaux et les bâtisses ont des adresses. Wow, ça faisait longtemps que j'avais pas vu ça! Les maisons en rangée sont colorées et parsemées de ruines qui datent du tremblement de terre de 1773. Les ruines sont conservées pour donner un style à la ville et on peut les visiter pour quelques quetzals. Plusieurs beaux édifices coloniaux bien entretenus et des rues pavées de pierre rendent chaque coin de rues photogéniques. L'ancienne capitale coloniale n'est clairement pas représentative du Guatemala, mais c'est tellement douillet pour les touristes qui sont sur la route depuis des semaines.

On trouve aussi un McDo luxueux avec un jardin intérieur. Ici, t'as pas le temps de te lever porter ton cabaret que le commis te le prend des mains et le jette pour toi pendant qu'un autre lave déjà ta table. Je sais que c'est mal, mais j'aime McDo. Ça goute le Canada et ça me réconforte quand je suis loin de chez  moi. Voilà je l'ai dit!  Esti qu'ils l'ont l'affaire McDo! Il y a plein d'autres restos et  hôtels luxueux autour et malheureusement les touristes luxueux qui viennent avec...

Dans le parc central, un type louche vendait des tours pour Pacaya. Manolo fait pas de facture,  il a pas d'adresse et il demande qu'on paye la moitié en avance. J'ai demandé  "Vraiment, je te connais pas et tu veux que je te paye cent quetzals en échange d'un rabais et un rendez vous demain dans le parc?" " De toute façon, c'est quoi ça Pacaya?" J'ai été curieux alors il sort ses photos pis il commence à nous expliquer. Je me disais en moi-même "T'as besoin d'être convaincant..." Il était bon parleur et ma blonde pense que je devrais faire plus confiance aux gens....

Comme les femmes sont ce qu’elles sont, j'y donne l'argent. Il part bienheureux, en insistant sur le fait qu'il fallait être là le lendemain à 12:00 tapant. Le lendemain il vient effectivement nous chercher à 13:00 ce qui est assez ponctuel pour un latino. Quand il s'arrête au parc, tout le groupe est déjà dans le bus prêt à partir. Manolo nous présente notre guide, Carlos. Il est sympa et il aime les Québécois. Il nous pointe avec un gros smile le seul écusson sur sa veste. C'est un drapeau du Québec! Étonnant il faut dire! On embarque vite fait et c'est parti.

La montagne est diabolique! Ça sent le souffre, le ciel est rouge et la lave encore fluide déboule la montagne lentement. La roche plissée et la lueur des coulées de lave devant le couché de soleil créent l'ambiance. La roche encore chaude sous nos pas ramolli nos semelles pendant qu'on marche vers les coulées. On peut cuire des guimauves à une distance de quatre mètres, mais impossible de s'approcher plus, la chaleur est insupportable.

Si la terre est un corps et  que la lave est son sang, j'aurais jamais cru en voir de si près. Je m'imagine passer la nuit dans ce décor à fumer le palo de pito* qui pousse ici sur le volcán Pacaya. Je pourrais regarder au loin la roche en fusion couler et les nuages flotter en dessous de l'horizon. Pis, là tu sors Darkside of the Moon dans tes écouteurs, oh yeah!

Ok j'arrête de fabuler. C'est pas la saison du palo de pito pis il y a déjà de la pression venant des touristes luxueux qui veulent descendre. C'est souvent ceux-là le problème dans un groupe.

J'aime pas trop "bitcher" comme ça, mais ce couple de touristes luxueux m'a particulièrement tapé sur les nerfs. Pas qu'ils aient gâché la randonnée, mais disons qu'on aurait pu se passer de leur compagnie. Imaginez le monsieur muscles, bien rasé avec ses bijoux et sa poulette. Dès le départ, il parlait trop fort dans le minibus et prenait tellement trop de place autant avec son attitude qu'avec sa corpulence.

Il courait devant le groupe, fier de sa bonne forme physique de "pousseux" de fonte. Ça a pas prit dix minutes que sa motivation s'est estompée et tout le reste de l'ascension, il suait et se plaignait comme une chatte en chaleur. On a du l'attendre à chaque palier et rendu au sommet, il voulait même pas s'approcher de la lave! Pourquoi t'es venu grimper Pacaya déjà? Pour nous faire chier!?! Le pire c'est que le connard a même pas tipé le guide à la fin de la randonnée! Pauvre Carlos, sa paye, c'est les types. Je comprends plus que jamais pourquoi les touristes sont pas toujours les bienvenus...

Les occasions de photos exceptionnelles étaient nombreuses, mais...




C'est un échec total!

*Palo de pito : Arbre aux fleurs hallucinogènes qui pousse dans les montagnes Guatémaltèque. Selon certaines sources, la floraison se ferait en juin ou en juillet.