18 décembre 2013

JEUX DE LUMIÈRE

Bangkok brille à perte de vue et projette jusqu'au ciel. Deux heures plus tard, par le même hublot, j'aperçois Kolkata endormie. Sa lumière est parsemée comme une poignée de billes incandescentes lancées dans le "pitch black". La lumière qui oscille comme une ampoule qui manque de jus délimite ce que Aravind Adiga* appelle "The Darkness". La pauvreté d'un village sans électricité, sans éducation. À Kolkata, on parle de quartiers faits de bâches et de tôles, où le seul éclairage vient des feux de vidanges et de la lumière bleutée des cellulaires. En Inde, dormir par terre sur un trottoir, c'est pas une raison de se priver d'un cell!

Dans les grosses villes indiennes, il y a toujours quelque chose qui entrave la circulation en plus de l'habituel troupeau de chèvres qui se promène centre-ville. Des mariages prennent place, des éléphants ou des chameaux déferlent dans la rue ou juste un dude qui a décidé de changer une roue de truck au milieu de la place. V'là qu'arrive une parade, une fanfare, un char avec des gamins déguisés devant une peinture enfantine de bras arrachés et de têtes coupées. Juste en Inde tu peux voir ça esti!






Des fois, je me perds intentionnellement dans une ville inconnue à la recherche de trucs du genre. En Inde, je suis jamais déçu. Il y a toujours de la lumière intéressante à capturer aussi dark ça peut être par endroit. Je me suis perdu dans Bangkok la semaine passée, dans Kolkata cette semaine et qui sait peut-être dans Kathmandu la semaine prochaine! L'activité est encore plus intense de nuit. La rencontre avec une ville est plus intime et personnelle de nuit. Comme rencontrer quelqu'un en pyjama sur son divan. Ça peut devenir malaisant, mais c'est plus fort que moi, je suis trop curieux.

Près du pont d'Howrah entre les gaths et la track, j'ai passé à la limite de la noirceur. Je me suis pas enfoncé. J'ai peur du noir... Dire qu'à côté les lampadaires éclairent le parc central verdoyant et ses fontaines et que les taxis jaunes et les bouches de métro rappellent New York. Contrastes, toujours contrastes. À 630km seulement ( Pas loin de 21 heures de trajet pareil ), LE contraste d'entre tous; Darjeeling. Les Britishs l'ont construit sur le dessus d'une montagne avec vue sur le Khangchendzonga et l'ont entouré de champs de thé. La version indienne de Aspen est fashonable, huppé et complètement hors de prix pour l'Indien moyen avec ses chambres deluxes à 10$ et ses pâtisseries fancy. Et pendant qu'on se bourre la face et qu'on magasine des trucs, on monte le thé et la brique à l'arrache pour la demande grandissante. Mais quels enfouarés! Je culpabilise presque...







*Aravind Adiga = Auteur de White Tiger. Read it it's good!